MINISTRY REEDITIONS Sphincter, Animositisomina, House Of The Mole

Pas de breaking news aujourd’hui, mais une page d’histoire pour le moins indispensable avec 3 rééditions du cultissime groupe de métal industriel. La créature d’Al Jourgensen (sans oublier dans sa première moitié le bassiste et programmateur Paul Barker), maintenant réservé à un public nostalgique (que de déchets sur certains albums) a été une sommité des années 80 et 90. Il n’est pas trop exagéré d’affirmer que sans Ministry, nous n’aurions pas eu Nine Inch Nails, Marylin Manson ou The Dillinger Escape Plan. (TEXTE Julien Girault)

Ministry est une saga de 30 ans indissociable des projets parallèles de son maître d’œuvre (Revolting Cocks, Lard, 1000 Homo DJS et bien d’autres.) Jourgensen en est son digne héros. Si Keith Richards se veut une légende du rock, il fait figure de la princesse au petit pois en comparaison d’Uncle Al. Junky à temps complet jusque dans le milieu des années 2000, Jourgensen se rapproche beaucoup de William Burroughs qu’il connaissait par ailleurs très bien et avec qui il a collaboré sur le fabuleux morceau Just One Fix. Trop n’étant pas assez, Jourgensen s’éreinte dans la came au point de faillir y laisser son bras (coucou Requiem for a dream), y laissant en revanche un orteil (rappelez-vous les enfants, la gangrène n’est pas votre amie), délaissant l’héroïne, le temps de la renonce, pour l’alcool en quantité industrielle jusqu’à manquer mourir d’une gastrite alcoolique. Les concerts s’en ressentent, la créativité s’étiole quelque peu, mais le type est toujours là, increvable, une légende sans fard et sans paillettes.

Retour sur 3 albums, 3 petites années de carrière, au degré d’indispensabilité variable.

MINISTRY REEDITIONS Sphincter, Animositisomina, House Of The Mole – Dissonance  (10.03.2017)

 

ministry-sphinctourSPHINCTOUR (première édition 2002, album live de la tournée mondiale du même nom pour l’album Filth Pigs, 1996). Degré d’indispensabilité : Maximum.

Sphinctour devrait faire partie d’une discothèque idéale. Même chose pour le DVD. Tous les classiques s’y trouvent (Psalm 69, Just One Fix, Hero, Scarecrow…) Le son est d’une violence inouie. Les loops de guitares rendent la chose dangereusement hypnotique. Nous en ressortons remués, pour le moins, un peu comme si, partis pour une balade en poney, nous nous retrouvions tractés par un buffle d’Afrique lancé en plein sprint. De l’ordre de l’expérience. Ceux qui ont vu le live à l’époque mériteraient une médaille pour leur statut de vétéran. Ne pas rater le DVD, même si ce n’est pas l’objet de la réédition, pour voir l’oncle Al faire un freak show en éclusant des décalitres d’alcools variés.

 

ministry-animositisominaANIMOSITISOMINA (première édition 2003, 8ème album studio.) Degré d’indispensabilité : faible à très faible.

Pas compliqué, c’est l’album de la discorde. Discorde d’abord musicale et conceptuelle. Que faire de Ministry ? C’est que semblent penser Jourgensen et Barker. L’album se veut clairement un retour au son industriel primitif de Ministry. Problème, le retour est également synonyme de régression, Animositisomina s’inscrit bien mal dans l’évolution du groupe. On reproche à Ministry de sonner comme un groupe métal conventionnel ? Les deux hommes produisent en réaction un album plutôt hermétique et dépourvu de chaleur, en dépit de quelques morceaux étrangement dansants, lorgnant du côté de Nine Inch Nails. La vraie discorde est humaine : Barker et Jourgensen ne se supportent plus. D’ailleurs Barker claque la porte de Ministry en 2004. C’est bien simple, ils ne se sont plus jamais parlés depuis, l’un évoquant sporadiquement l’autre en interview pour lui casser du sucre sur le dos.

 

ministry-house-of-the-moleHOUSE OF THE MOLE (première édition 2004, 9ème album studio.) Degré d’indispensabilité : Forte.

Virage à 180 degrés. Passage au trash métal et engagement politique anti Georges W. Bush (chacun des morceaux débutent d’ailleurs par la lettre W.) L’album est le premier d’une trilogie, suivi par Rio Grande Blood (2006) et The Last Sucker (2007.) Jourgensen s’adjoint les services de Mike Scaccia, déjà collaborateur de longue date à partir de la tournée The Mind is a terrible thing to taste (1989-1990) Le son perd en subtilité, mais gagne en efficacité. La charge sonore est inexorable. Nous pouvons déplorer le choix, mais l’évolution dans ce sens semblait inévitable, et depuis de nombreuses années, Ministry ne donne plus l’impression d’avoir le cul entre deux chaises.

2017. Al Jourgensen est toujours là. Ministry enterré, puis ressuscité, puis enterré à nouveau avec la mort tragique de Mike Scaccia en 2012, puis à nouveau ressuscité, ne cessera sans doute jamais de résonner. Jourgensen ne sera jamais un homme sage, à l’image de William Burroughs. Mais la musique et l’engagement anti républicain restent ses fers de lance. Arte l’interviewait en 2016 au cours du Wacken Festival. Sa vision du monde ne manque pas de pertinence :

« Trump n’est pas effrayant ; Trump est un imbécile. Ce qui est flippant, c’est que 3 ou 4 personnes sur 10 en Amérique pensent que ce serait une bonne idée de le laisser diriger le pays et, pourquoi pas, de quitter l’OTA N. C’est tout sauf réjouissant. Mais je vois le même modèle en Allemagne, en France et en Italie. La droite dure fait son retour parce qu’elle joue sur la peur des gens. On a bien vu ce que cela a donné dans les années 1930. Et l’Histoire se répète, parce que personne n’en retient les leçons. Trump est une leçon qui a besoin d’être réapprise. »

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