Et un super groupe de plus, ça en devient presque lassant. La crise de la créativité, sous la forme d’un entre potes, impacterait-elle le monde de la musique à un degré moindre que celui du cinéma ? Ce n’est pas dans ce papier que nous répondrons à cette question. Super groupe, ok, c’est acté, mais celui-là fait apparaître Lombardo et Patton. Objections ? Je ne crois pas. Ça se prend comme ça vient, ça n’en sera que meilleur. (TEXTE Julien Girault)
L’histoire de Dead Cross est assez confondante, dans le sens où elle n’est pas sans rappeler celle de Faith No More. L’intro tendrait à faire croire que Dead Cross résulte d’un petite causerie backstage entre Dave Lombardo et Mike Patton, et l’un dans l’autre, effet Mike Patton oblige, un album les doigts dans le nez. Ce n’est pas tout à fait le cas, Patton n’ayant jamais fait partie de l’équation initiale. Dead Cross naît de la réunion entre les Retox et ex Retox Mike Crain (guitare), Justin Pearson (basse), Gabe Serbian (chant) et l’ex Slayer et Fantomas Dave Lombardo (batterie, évidemment.) Sans que nous sachions trop pourquoi (des divergences artistiques, sûrement, comme il des pauses pour régulation en langage RATP), Serbian quitte le groupe après avoir enregistré le chant. Le reste du groupe se met d’accord sur un point, réengistrer toutes les pistes vocales après avoir trouvé un nouveau chanteur, histoire de laver l’affront. Serbian out (idée, si jamais il veut se reconvertir dans le ciné, qu’il évite de signer ses œuvres « A Serbian Film », je dis ça, je dis rien), le choix est porté sur le meilleur intérimaire au monde, Mike Patton. S’il ne participe pas directement à la composition de l’album (toutes la musique ayant déjà été enregistrée), Patton se rend maître des parties chantées en réécrivant ses propres paroles. Meilleur intérimaire au monde, toutes catégories confondues, soyez-en sûrs.
Dead Cross nous est vendu comme du hardcore. Au vue des chansons ne dépassant que rarement les 3 minutes, la charte est respectée. Inutile de chercher quelques plages contemplatives, la rapidité des morceaux ne vous en laisse pas le temps. Lombardo à la batterie, il n’est pas difficile de deviner que l’album sonne également comme du trash (speed) métal. Le reste de la musique ne brille peut être pas follement par son originalité, l’aspect Retox est assez évident, mais le véhicule est en tout point satisfaisant pour que Patton se lance dans une de ses démonstrations de pattonisme dont lui seul a le secret, qui peut vous faire l’effet d’une valse ou d’une mornifle ou des deux en même temps, c’est selon. Il ne faut guère plus d’une minute pour évacuer toute encombrante étiquette et se prendre au jeu d’un nouveau trip sensoriel, aussi brutal que dansant. 10 chansons, 27 minutes, sans doute la demi heure la plus intense du mois. Suivant la formule consacrée, on numérote ses abattis et on y retourne.
DEAD CROSS – Dead Cross – Ipecac Recordings/Pias (04.08.2017)
1.Seizure and desist
2.Idiopathic
3.Obedience School
4.Shillelagh
5.Bela Lugosi’s Dead
6.Divine Filth
7.Grave Slave
8.The Future Has Been Cancelled
9.Gag Reflex
10.Church of the Motherfuckers
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