Jour J. Heure H. Minute M. Chaque année c’est pareil : il faut attendre 362 jours (et un de plus quand les années bisextiles nous font cet ultime affront) pour retrouver, enfin, l’enfer le plus paradisiaque jamais mis sur pied. Il est alors 16h30 quand j’arrive au stand presse pour récupérer mon précieux sésame qui m’ouvrira les portes de Clisson et de son mythique Hellfest pour les 3 jours à venir. Jour J. Heure H. Minute M. Chaque année c’est pareil : il faut attendre 362 jours (et un de plus quand les années bisextiles nous font cet ultime affront) pour retrouver, enfin, l’enfer le plus paradisiaque jamais mis sur pied. Il est alors 16h30 quand j’arrive au stand presse pour récupérer mon précieux sésame qui m’ouvrira les portes de Clisson et de son mythique Hellfest pour les 3 jours à venir. (TEXTE Jérémy Kervran / PHOTOS Sandrine Correia)
N’ayant pu arriver plus tôt pour raison professionnelle, c’est avec un premier pincement au cœur que je dois faire une croix sur Subrosa et Helmet qui viennent (on leur fait confiance) de régaler la Valley. Chaque édition, le constat est sévère mais implacable : nous sommes tellement gâtés par Ben Barbaud et sa bande qu’il est impossible de tout voir. Dura lex sed lex, on préfèrera ne pas trop y penser pour les 72h à venir et se dire que c’est au final un problème de riche.
On ressort contents d’avoir vu le Fang, mais avec un grain de sable de 10 cm en travers de la gorge pour ce qui est du son
Mais concentrons-nous sur ce qui est encore atteignable. J’ai maintenant une heure chrono pour attendre que mon collègue passe la pose bracelet et qu’on dérape au camping s’installer à pas de charge. Le but ? Ne louper aucune micro-seconde de Red Fang, en charge de faire monter la chaleur de la Valley à 17h40 pétantes. Encore une fois une telle organisation nécessite une logistique de guerre, inutile donc d’espérer le moindre retard ou ne serait-ce que 5 minutes d’un set qui déborderait. Et première bonne surprise : situées au pied de la cathédrale estampillée Hellfest, les files d’attente sont maigres et on pénètre rapidement dans l’antre de la distorsion. On le doit visiblement au système de portique qui semble fluidifier la foule. Un véritable soulagement concernant le seul véritable point noir du Fest, qui semble annoncer que je n’aurai pas à passer à tout prix par l’accès presse, laissant mon barbu de collègue sur la touche pendant trois bons quarts d’heure.
Et soudain, nous y voilà : HELLFEST, WE’RE BACK. C’est avec un sourire niais mais assumé qu’on retrouve la pelouse de Clisson et ses t-shirts noirs à typographie aléatoire, se dirigeant vers les différentes scènes selon le seuil de tolérance de leurs esgourdes. Pour nous, pas bien compliqué : La Valley est située directement à droite après l’entrée, et on compte bien y camper la majeure partie du week-end.
A peine le temps de scruter notre terrain de jeu préféré que Red Fang commence. Tout va très vite mais il est impossible de ne pas remarquer quelque chose : ce plaisir simple d’être là. Comme si vous ne pouviez voir votre groupe d’amis proches qu’une fois par an, mais que vous saviez à l’avance qu’elle suffirait. C’est dans cet état d’esprit que nous applaudissons à pleines paumes l’arrivée d’Aaron Beam et de ses compères sur scène. Les attentes sont toutefois aussi hautes que nos paumettes : on veut prendre notre bûche d’entrée de jeu.
Et bien… Ça gratte un peu la gorge, pour être honnête. Non pas que le croc rouge déçoive, on entame par un Blood Like Cream évident mais efficace, rien à redire. Non, le problème viendrait de la terre du milieu : en effet la régie semble gentiment à la ramasse. On assiste à un yo-yo de réglages dans l’urgence, nous privant d’abord de toute présence basseuse, puis en mettant trop pour contre-balancer, pour finalement sur-amplifier les aigüs de la guitare de David Sullivan qui nous agresse les tympans. On reste bien évidemment jusqu’à la fin du set pour entendre Malverde, Wires, Prehistoric Dog ou les récents Flies et Cut It Short. Je regrette un peu l’absence de Shadows à titre personnel, mais le set est court, c’est le jeu. On ressort contents d’avoir vu le Fang, mais avec un grain de sable de 10cm en travers de la gorge pour ce qui est du son. En espérant surtout que ce soit la première et dernière fois…
C’est donc avec un peu d’appréhension qu’on attend la suite des événements. D’autant qu’un autre facteur vient alourdir le bilan : bordel ce qu’il fait chaud. Loin de moi l’idée de me plaindre, et je préfère quand même la poussière à la boue, mais on sue à grosses gouttes et pas question qu’un centimètre de mon crâne rasé ne soit exposer au dieu jaune. On s’en accommodera, mais avec un 28°C qui devrait monter jusqu’à 32 dimanche, il va falloir être solide et ne pas abuser des bonnes choses sous peine de taper le K.O. technique très rapidement.
Ça tombe bien les échapées lyriques de Baroness devraient nous faire respirer un peu. On reprend donc place sous la Valley après une petite mousse bien fraîche, faut pas déconner. J’ai prêté une attention récente à Baroness, après l’avoir entendu d’un coin de l’oreille avec les potes en soirée, et ce petit côté pop au milieu de la lourdeur me plait pas mal. C’est donc confiant que j’accueille mon compère capillaire John Baizley. Une bonne quinzaine de minutes défile, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’en terme de lyrique, j’en ai pour mon argent, notamment avec des titres ultra efficaces comme March to the Sea ou Take My Bones Away. Tellement même que je commence à m’impatienter de retrouver des rythmes plus lourds pour harmoniser le tout. Presque en vain, puisqu’à part un ou deux morceaux bien gras, c’est une setlist au final légère et aérienne qui nous est servie. C’est sûrement dû à ma connaissance récente de madame la barone, mais je reste plutôt sur ma faim. Le public semble pour sa part conquis et couvre les georgiens d’applaudissements, ce qui confirme que c’est bien moi qui suis passé à côté. Et d’un côté tant mieux ! Les problèmes de sons ne sont pas totalement réglés mais on note quand même du mieux. La preuve qu’on s’active en régie pour ne pas faire de Red Fang un cas d’école qui serait vite devenu pénible.
Une heure au rythme des patrons du doom qui offriront des titres cultes comme Witchcult Today, Black Mass ou Return Trip, avant de conclure par la pierre angulaire qu’est Funeralopolis
Je réclamais ma dose de gras, j’allais l’avoir. Une heure après ce n’est autre que le mythique Electric Wizard et son doom infernal qui sont attendus sous la stage préférée des stoneux/doomeux/sludgeux. Le quatuor du Dorset ne perd pas de temps et plaque ses fanatiques à terre avec au moins autant de lourdeur que le soleil, toujours bien présent. Une heure au rythme des patrons du doom qui offriront des titres cultes comme Witchcult Today, Black Mass ou Return Trip, avant de conclure par la pierre angulaire qu’est Funeralopolis. On ne voit pas vraiment le temps passer, comme sonnés par la basse crade de Clayton Burgess : ça tombe bien, c’est ce que j’attendais. Le Wizard n’est pas mort, vive le Wizard !
Le temps de ressortir des abysses, on s’autorise enfin une sortie de la Valley. Direction la Main Stage 1 qui clôture la soirée par Rob Zombie.
On quitte le stoner et le doom pour de l’indus FM certes loin de la virtuosité, mais qui devrait avoir un petit effet madeleine de Proust en me ramenant à une adolescence qui semble déjà appartenir à un temps bien révolu. C’est d’ailleurs tout ce que proposera le Z, tant la prestation semble axée sur la facilité et miser beaucoup (trop ?) sur le côté graphique du pépère. Mouairf, c’est pas non plus honteux mais quand on sait ce qu’on va se prendre dans les chicots les deux prochains jours, il est bien difficile de simuler sa joie. Je resterai donc à bonne distance de la scène, retrouvant ainsi d’autres collègues finistériens pour s’accorder un ou deux pichets pas démérités. Je vous ai dit qu’il faisait chaud ?On rentrera plus ou moins en forme au camping suite à cela. L’occasion de déchausser les pompes de rando, de se dépoussiérer la barbe et les narines, et de retrouver le confort quatre étoiles d’un tapis de sol gonflable. QUE NENNI ! C’était sans compter sur nos voisins de camping slovaques eux aussi en duo pour le week-end, bien décidé à squatter la Valley tout le long du Fest, et parlant un anglais quasi-parfait. L’occasion est trop belle, on s’échangera des « oh you have to see this band, they’re amazing! » et autres explications d’insultes dans nos langues respectives jusqu’à 3h du matin. On se couchera finalement avec quelques frayeurs pas totalement dissipées sur le son de la Valley, mais surtout cette joie de retrouver le Hellfest et son ambiance qui domine l’ensemble.
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