Vous l’aurez compris, le tatouage est un art à part entière, un exercice délicat qui vient s’intégrer avec malice à l’univers de la musique lourde. A l’instar de toutes les bonnes conventions qui se respectent, le Mondial du Tatouage affiche des concerts. Ambiance expérimentale ou punk hardcore, chacun sa came ! Le tatouage en convention : troisième et dernière partie. (PHOTO Patrick Baleydier / TEXTE Floriane Fontaine)
On sera brefs sur les concerts car pour une fois, ce n’est pas l’objet de notre lourd report… Dès le début de la convention, L’Esprit du Clan nous énerve bien comme il faut la Grande Halle de La Villette avec un punk sale à la française. Les tatoués sont partout, les casquettes américaines flottent parmi le public et la voix affûtée d’Arsène, le frontman, scande l’espace comme un boulet de canon. Mais ce qui faut retenir de la prog de ce week-end, c’est sans conteste le show de Madball. Avec un Freddy dans sa forme des grands jours, les punks hardcore New-Yorkais régalent leur auditoire d’arguments tranchés sur la politique, le Monde, la vie. Objectif : sortir de ses gonds, prendre une bonne dose de révolte en pleine face, et exprimer ouvertement son mépris de la classe politique. Dieu que ça fait du bien ! Notre Freddy international a sorti tous les coups de théâtre possible, balayage de foule du bras, majeur bien droit, grimpette sur tout ce que peut faire office de repose pied, bain de foule et même quelques brasses parmi les vigiles du premier rang. Ah qu’on est biens ! On ressort libérés de ce show, avec une irrépressible envie de gueuler « fuck off » sur le premier venu. Merci.
Revenons-en à nos moutons. Qu’en pensent nos interviewés, de tous ces spectacles réjouissants ? Pour Fred, les concerts dans une convention c’est tout naturel : « Y’a toujours des concerts dans toutes les conventions, c’est un petit monde : le tatouage en premier, ce qui tourne autour c’est aussi la musique. » Easy Sacha nuance le propos en précisant que si beaucoup aiment ce mélange, mieux vaut tatouer au calme et mater des concerts au chaud dans un lieu approprié : « Je trouve que c’est cool d’avoir des concerts, pour l’événement, surtout un groupe comme Madball. Après moi je préfère aller voir les concerts dans des salles de concert. En convention je trouve que ça s’y prête un petit peu moins, quand t’es en train de bosser … Bon là on est un peu à l’abri mais quand t’es à côté dans l’allée centrale avec le bruit, que t’as déjà eu beaucoup de gens. C’est dur de se concentrer. Si t’adores Madball bon ok… Mais si t’écoute de la pop ou autre, tu vas t’en prendre plein la gueule. C’est un endroit qui est très très grand. Il y a des gens qui sont là par curiosité, qui viennent que pour les concerts. Je ne sais pas comment le groupe voit la chose. Après le public de Madball c’est un public tattoo, ils se disent qu’ils vont voir Madball et en même temps la convention. Moi perso je préfère voir les concerts dans les salles de concert, c’est plus adapté, plus intimiste. »
Comme le tatouage et la musique font si bons ménage, on en vient vite à se demander quel est l’avis de nos cobayes sur le tatouage en festival… Fred lui voit le tatouage en fest plutôt comme un souvenir rock’n’roll qu’on rapporterait chez soit. Tandis que Sacha foncerait bien tête baissée dans l’aventure s’il n’avait pas déjà eu une drôle d’expérience : « J’ai été contacté à l’époque pour le Furyfest, l’ancêtre du Hellfest, et j’étais allé là bas pour tatouer avec Navette, un tatoueur de Lyon. Les conditions d’hygiène étaient tellement pas réunies, y’avait de la poussière partout, on a dit bon on remballe, on va voir les concerts et terminé. Après je vais au Hellfest tous les ans mais pas pour tatouer. J’aime bien aller voir les concerts. C’est plus pour le plaisir. » Le Hellfest a beaucoup évolué depuis, et nombreux sont les festivaliers qui chaque années ramène un bout du festival tatoué sur la peau…
Voici donc ce qu’il se passe sous la Grande Halle de La Villette trois jours par an; comment le monde du tatouage prend possession de cet événement si particulier qu’est la convention. On remercie Fred, Sacha et Briko pour leurs témoignages, ainsi que toute l’équipe du Mondial pour leur accueil !