Le Mondial du Tatouage nous renouvelle sa confiance cette année encore en nous invitant à passer quelques jours parmi plus de 400 artistes venus du monde entier. Un rendez-vous exceptionnel de par la diversité des tatoueurs présents, mais aussi de par l’ambiance 100 % rock’n’roll qui habite la Grande Halle de la Villette en ce début de mars. Nous avons rencontré tatoueurs et tatoués pour comprendre un peu mieux cette frénésie des conventions. Il faut dire que le Mondial du Tatouage n’est pas une convention comme les autres, nos interviewés le confirment tous : Fred, tatoué et habitué des rassemblements de tatouage, Briko, tatoueur Lillois, et Easy Sacha, tatoueur sur Paris et musicien dans le groupe Deliverance. Le tatouage en convention : décryptage. (PHOTO Patrick Baleydier / TEXTE Floriane Fontaine)
Lorsqu’on commence une convention en tant que journaliste, le premier réflexe est de trouver un plan du site, de repérer les artistes qu’on souhaite rencontrer, puis de filer directement au bar serrer des pinces, parler encre, style, et sortir des bizarreries du type « j’adore ton projet, je te ferais bien la jambe pour le prix du bras ». Le mot d’ordre demeurant : plaisir.
La manche retroussée et un pansement tout frais sur l’avant-bras, Fred nous explique pourquoi il adore ce type d’événement et comment il s’y prend pour ne jamais manquer un Mondial du Tatouage : « Je suis venu plusieurs fois. Le Mondial c’est la possibilité de se faire tatouer par des artistes du monde entier à côté de chez soi. Et moi comme je suis collectionneur je n’irais pas jusqu’en Australie ou au Japon. […] Le Mondial se trouve à 30/45 minutes de chez moi ! »
Les conventions rassemblent en un week-end et sur un même lieu tout ce qui fait le bonheur des amoureux du tatouage. Briko, tatoueur à Lille, explique que c’est pour lui la possibilité de « voir des gens, bouger, voir d’autres régions ou pays. A force de faire des conventions on fait des rencontres. » Il ajoute que c’est également une façon de s’enrichir professionnellement et de se faire connaître : « ça fait de la pub, c’est une vitrine, je me fais de nouveaux clients. Moi je suis de Lille, et Paris-Lille ça se fait facilement. Et puis on peut découvrir de nouvelles façons de travailler ou acheter du matériel. » La convention se dessine alors comme un passage obligé…
Une fois sur place, comment se déroule concrètement le tatouage ? Chacun a sa technique, ses préférences. Fred nous parle du tatouage qu’il vient de se faire faire sur l’avant-bras : « Je fais surtout des flashs, je viens surtout pour un artiste, un design. Je me suis fait tatouer aujourd’hui, et c’était un flash. Il s’agit de Aaron Hodges du Spider Murphy’s Tattoo [San Francisco, US], une référence en Old School. »
Si le flash semble bien adapté à l’exercice de la convention, il n’en est pas moins que certains tatoueurs mettent un point d’honneur à avancer sur des grosses pièces pendant l’événement. L’avantage est de connaître par avance la personne à tatouer, et de présenter la pièce au grand public.
Easy Sacha de Mystery Tattoo Club (Paris) raconte que s’il fait un peu de flash, il n’hésite pas à travailler des pièces en cours, surtout pendant le Mondial qui a lieu dans sa ville : « Ça m’arrive de faire des flashs à l’avance pour que les gens puissent choisir. […] J’ai préféré cette année continuer des pièces qui étaient déjà en cours, pour des clients que j’ai à Paris dans mon shop. On fait 1h ou 2h tranquillement, on n’a pas de timing. La concentration c’est une question d’habitude. Il y a des pièces que j’aurais aimé continuer ici mais les gens n’étaient pas chauds de se faire tatouer devant tout le monde et préféraient le calme du shop. Une cliente que je vais tatouer aujourd’hui, s’est déjà faite tatouer en convention. Elle a l’habitude et elle s’en fout. Demain c’est pareil, il s’est déjà fait tatouer en convention, ça ne lui pose pas de problème. »
Tatouer et se faire tatouer sont les principales activités de la convention, mais c’est sans oublier les fameux concours de tatouage, durant lesquels artistes et mannequins font équipes. Fred a déjà participé à l’un de ces concours, il nous parle de son expérience : « on a envie de gagner pour l’artiste. En tant que tatoué on se donne à fond pour l’artiste, c’est impressionnant, on se montre devant le jury et devant des centaines de personnes. »
Le tatouage en convention est un exercice bien différent de celui de tatouer ou de se faire tatouer, en shop. Sous les feux des projecteurs, le bain de foule s’avère être très apprécié par tout un chacun. Malgré la foule parfois imposante, artistes comme visiteurs y trouvent leur compte.
Avoir envie, être passionné, se faire plaisir, et surtout oser ! Voilà les raisons qui feront que peut-être un jour, le tattoo en convention aura raison de vous…