
Rendez-vous pris en juin dernier avec Julien Pras, Jimmy Kinast et Mat Gaz de Mars Red Sky, dans le décor désertique du press corner du Hellfest. Accompagnée de Morgane de Radio U, que je remercie pour la prise de son et le montage du podcast, j’ai eu l’occasion de discuter avec le groupe de la création de leur dernier opus Stranded In Arcadia. Entre déboires administratifs et belles rencontres, la sortie de cet album est pleine de rebondissements ! Le trio bordelais, ainsi que la « Denrée du Hellfest » nous livrent quelques anecdotes sur le sujet…
Podcast de l’interview totalement totale de Mars Red Sky
Comment ça s’est passé ce matin ?
Julien [guitare / chant] : Ça s’est super bien passé !
Jimmy [basse / chant] : On est vraiment content, il y avait plein de monde. C’est un des meilleurs galas de l’année !
Mat [batterie] : C’était de manière totale et extrême.
Extrême, ça tombe bien pour le Hellfest !
Mat : Oui voilà !
Julien : Super réaction, on ne savait pas trop à quelle sauce on allait être bouffés…
Mat : Y’avait un mec qui s’était déguisé en plot, en plot humain, on a commencé à avoir un aperçu des différents accoutrements qu’on peut croiser sur ce festival, c’est toujours un plaisir ! L’année dernière il y avait monsieur Zizi, et je crois même qu’il y avait la denrée. J’espère que la denrée est encore parmi nous aujourd’hui…
Jimmy : glouglouglou
Mat : ah je l’entends !! (faut enchaîner, il est parti avec sa soucoupe violente et il est déjà à des années lumière d’ici, voilà.)
[la Mars Red Denrée revient à plusieurs reprises]
Qu’est-ce que l’expérience live, contrairement au studio, apporte de plus à votre musique ?
Julien : C’est la dimension principale. On compose des morceaux et on les joue sur scène avant de les enregistrer. Il y a toute une partie composition, dynamique, jeu des ambiances… On a écrit des mélodies, des soli, des arrangements, avant de rentrer en studio Après on peaufine, on fait d’autres arrangements, des harmonies, des machins comme ça. On aime bien tester et jouer des morceaux avant de les enregistrer. La dimension live c’est essentiel.
Jimmy : Oui c’est la base du machin. De toute façon un groupe avant de faire des disques il joue en répète d’abord, en tout cas c’est comme ça qu’on le conçoit, et dans l’histoire de la musique je crois que ça a toujours été comme ça. Tu fais des morceaux d’abord et t’enregistre après…
Mat : Et comme en plus en studio on les enregistre en live, c’est totalement live. C’est totalement total.
Justement, on a ouï dire que vous aviez enregistré votre album au Brésil…
Mat : On a enregistré au Brésil suite à un incident. On ne peut pas parler d’accident puisque tout le monde est rentré chez lui entier… Un incident diplomatique qui au final s’est transformé en un heureux incident diplomatique… Donc on est resté au Brésil bloqués, une huitaine de jours. On a rebondi très rapidement en trouvant un studio sur place à Rio, grâce à Felipe Toscano, qui est le producteur de la tournée brésilienne, et donc voilà l’album a été enregistré là-bas en quatre jours.
Julien : On était sensés enchaîner la tournée du Brésil avec une semaine de studio aux Etats-Unis. C’était un peu la raison de notre périple. Avec donc quelques dates aux Etats-Unis. On eu des problème de permis de travail, et on a été bloqué à Rio. Mais bon voilà on a réussi à trouver un studio au dernier moment…
Pourquoi vous aviez choisi d’enregistrer, à la base, aux Etats-Unis ?
Jimmy : Parce qu’on avait rencontré un gars qui s’appelle Harper Hug. Bon on n’est vraiment pas dans le style à vouloir dire tiens on va faire avec tel producteur, pour avoir un nom ou quoi, vraiment, le premier album on l’a fait comme ça, on pensait faire une démo et c’est devenu un album… C’est juste qu’on a rencontré un gars sur le Desertfest, un festival en Angleterre qu’on a fait il y a un an ou deux, et le mec a gardé contact et nous a dit voilà j’ai un méga studio à Palm Springs, je fais les Vista Chino et compagnie, je connais toute la clique du Desert Rock. Mais il parle pas comme ça hein ! Il est plutôt cool, il parle normalement [rire], mais en anglais… Et puis on a dit ouais ouh la la lui il cherche du boulot, et il nous a fait un prix incroyable, on pouvait pas dire non. Il avait l’air d’avoir vraiment envie, le courant était super bien passé et on s’est dit qu’on ne pouvait pas refuser ça. Du coup on s’est dit tiens on va booker une tournée vu qu’il y a un mec qui voulait nous faire jouer au Brésil et en Argentine et on va aller là-bas. On va roder les nouveaux morceaux et on va ensuite aller chez lui et puis après on va faire des dates aux Etats-Unis, la vie est belle. Et voilà, il se trouve, ça on vous l’a pas dit, mais il se trouve qu’on n’a pas pu aller aux Etats-Unis pour des histoires de papiers et donc il a fallu qu’on rebondisse en quatre jours…
Mat : un incident diplomatique !
Jimmy : glouglouglou
[la denrée se réinvite dans la conversation]
Mais alors du coup, le gars en question [Harper Hug], il va vous enregistrer un jour ? Ou il est resté sur sa déception ?
Jimmy : Le gars est vraiment ultra cool puisqu’on a commencé à le faire mixer, puisque comme on était sensé tout enregistrer avec lui, on lui a quand même envoyé ce qu’on avait enregistré pour qu’il mixe. Et qu’à côté de ça, le brésilien on l’a fait mixer aussi. C’était une super rencontre avec ce type qui s’appelle Gabriel Zander. Comme on était coincé là-bas, il nous a un peu sauvé la vie. On voyait qu’on allait vraiment faire l’album là-bas et que ce qu’on avait enregistré était cool, ça nous plaisait. Et puis quand les mix ont commencé à tomber, c’était vachement mieux avec le brésilien. L’américain a super bien compris. Je crois surtout que la rencontre ne s’est pas faite, en fait si on avait été là-bas on aurait pris d’autres d’options… C’était beaucoup plus gros aux Etats-Unis. Pour pas trop rentrer dans les détails techniques c’était sur bande deux pouces donc à l’ancienne avec un gros magnéto, après retouches refixées sur bande, avec un méga studio plein de cabines de prises, 10 jours… Enfin le truc sur le papier c’était génial ! Et on s’est retrouvé dans un petit studio en quatre jours et finalement on est ultra contents de cette rencontre et de l’avoir fait là-bas. Mais il n’est pas du tout exclu qu’on retourne avec Harper aux Etats-Unis essayer son studio quand on ira un jour, lors d’une nouvelle tournée où on pourra passer la frontière. Parce que la dernière fois on est restés coincés…
Vous avez eu un problème de papiers non ?
Mat : C’est pas tout à fait ça en fait. La denrée s’est mise sur notre chemin…
Jimmy : glouglouglou
Mat : D’ailleurs je l’entends ! Et la voilà…
[la denrée fait une courte apparition]
J’arrive sur le travail de composition pour l’album Stranded In Arcadia… Il me semble que c’est toi Julien qui as composé le premier album, et que là c’est peut-être un projet plus collectif. Comment s’est passé le processus de composition ?
Julien : C’est vrai que pour amener de la matière, y’a quelques morceaux que j’avais sous la main… Mais il y avait quand même déjà à la base des morceaux qu’on a très vite mis en place avec un système de composition de groupe. Pour cet album l’arrivé de Mat [batterie] a été importante, avec son jeu et tout ce qu’il a pu amener comme bases de morceaux ou d’idées d’arrangement aussi. Ça part souvent d’un riff de guitare ou d’une base, on en général on les construit quand on se retrouve en répète. Je pense qu’on a poussé le processus collectif un peu plus loin.
Jimmy : Par rapport aux deux albums, le premier et le dernier, pour moi effectivement Julien sur le premier avait amené trois ou quatre morceaux quasiment terminés. Le premier album était vraiment ultra spontanée, il est sorti comme ça, spontanément avec notre ancien batteur. Et puis ben pareil pour le deuxième. [rire] Il est sorti aussi très spontanément !
Sur le dernier album, Stranded In Arcadia, on retrouve Seen A Ghost, qui figurait déjà sur Be My Guide, l’EP que vous avez sorti en 2013, pourquoi avoir choisi de le réintégrer ?
Julien : C’est un très bon exemple parce que c’est un morceau dont on était très content, et Benoit [ancien batteur] c’était un morceau sur lequel il était un peu plus réticent. Quand Mat est arrivé, c’est rapidement devenu un de ses morceaux préférés. On s’est dit putain c’est gagné, là on va aller loin. Sur l’EP c’est Benoit qui joue sur cette version et le reste des morceaux c’est Mat qui joue. Donc c’est le disque transition : départ de Benoit et arrivée de Mat. On a voulu refaire ce morceau avec Mat, qui y apporte son grain de sel. On avait envie de le réenregistrer avec lui.
Jimmy : Ça nous a pas dérangé de reprendre un morceau qui était déjà sorti, puisque à la base ce morceau de l’EP qui est sorti en avril 2013, Be My Guide, était sensé être sur l’album, c’était sensé être un peu un avant goût de l’album qui allait arriver. Sauf que le temps est passé, le changement de batteur, etc. Du coup on a repris un album à zéro alors qu’on était sensé avoir ces morceaux de l’EP dans l’album qui suivait. Finalement on en a gardé qu’un, voilà.
Sans transition aucune, je voudrais vous parler de l’artwork de l’album… Comment vous avez choisi l’artiste ? Pourquoi ? Est-ce qu’il y a une raison, ou pas ?
Jimmy : Alors justement c’est une très totale transition parce que si on regarde la pochette de l’EP on voit très bien l’arrivée de Mat et le départ de Benoît. Ce EP, au lieu d’être un avant goût de l’album qui allait suivre, ça s’est plutôt transformé en un disque qui témoigne du changement de batteur. Nous au départ on ne pensait vraiment pas continuer sans Benoît, même si on a très vite rencontré Mat et ça a été enrichissant et on a vu que le groupe existait à nouveau. On a aussi été poussé par Benoît qui nous a dit de continuer. Même si Julien a composé la plupart des trucs c’était vraiment un truc de groupe. Ça a été assez délicat de prendre cette décision. Du coup cette pochette a un peu été le début d’une façon de raconter une histoire dans nos pochettes. Alors pour l’album c’est toujours le même artiste. C’est un gars qui s’appelle Carlos Pop, qui est sur Paris et qui nous fait des pochettes depuis le premier 45 tours. On les fait ensemble. Ce sont des thèmes qui ont rapport avec nos enregistrements, la vie du groupe, ça se suit un peu. C’est pas vraiment de la BD mais on raconte une histoire dans les pochettes.
C’est à dire quoi comme thème précisément ?
Mat : Par exemple, on voit clairement le Jésus du Brésil, qu’on voyait tous les jours quand on allait enregistrer dans cet espèce de paysage post apocalyptique, des références à des films d’anticipations, etc. Parce que quand on était là-bas finalement on n’en menait pas large. On était en train d’annuler une tournée aux Etats-Unis, un enregistrement. On ne savait pas quoi faire. Et tout ça ça raconte l’histoire de l’enregistrement et aussi de la musique, par rapport aux visuels. Dans la figuration c’est aussi l’histoire qui nous est arrivée là-bas.
Il y a un petit côté rétro, SF années 50 sur la façon de dessiner, sur les pochettes quand même, c’est quelque chose qui vous inspire particulièrement ou c’est l’univers de Carlos Pop à la base ?
Julien : La SF pas spécialement. Je crois que Jimmy vachement, parce que c’est quand même Jimmy et Carlos qui ont développé ce truc. Carlos a développé un style, une technique pour nous qu’il n’utilise pas vraiment pour d’autres. Ils ont réussi a trouver une cohésion. J’aime beaucoup parce que c’est proche du collage. J’adore le côté rétro, vieux, abîmé, les collages… Même s’ils ne découpent pas des bouts de papier on a cette impression là. Esthétiquement il y a une continuité du groupe, une identité.
Jimmy : C’est un petit peu comme la musique, même si c’est secondaire. Je trouve qu’il y a vraiment quelque chose qui marche ensemble. Comme tous les groupes on a développé un langage, une façon de faire. Il y a cette différence entre le chant un peu naïf, haut perché, fragile, et la musique assez lourde, lente et assez massive. C’est un peu pareil pour la pochette. C’est comme si on avait trouvé un filon et maintenant on tire sur une ficelle. Naturellement, on a trouvé un truc qui nous convient, à la fois dans les visuels et dans la musique. Tant qu’il y a de la ficelle et que ça tire ça va, et quand il n’y en aurait plus, on verra le ruban rouge, comme dans les fax quand c’est terminé, et on arrêtera.
Vous avez signé votre dernier album, Stranded In Arcadia, avec le label Listenable qui n’est pas vraiment axé stoner mais qui développe la branche en ce moment, comment s’est passée la rencontre avec ce label ?
Mat : C’est lié au fait qu’on soit restés bloqués au Brésil, tout est lié. [rire] On discutait avec un label aux Etats-Unis qui s’appelle Prosthetic, il était prévu de signer avec eux, on devait se rencontrer à Los Angeles, et puis l’incident diplomatique, s’il en est, nous a fait changer notre fusil d’épaule. Au même moment, Listenable nous a branché pour nous proposer de travailler avec eux. On a pensé que c’était vraiment pas mal de bosser avec des mecs du même pays, qui ont une sacré expérience, ça fait 20 ans que ça existe, il ont sorti des groupes qui ont fait leurs preuves, notamment Gojira, et malgré leur catalogue axé metal extrême, ce qui nous déplaît pas du coup, bien au contraire. C’est pas forcément stoner… Peut-être qu’ils développent ça parce qu’il y a une sorte d’effet de « rétro mode ». Vu que la mode est déjà passée… Donc voilà on est contents de bosser avec eux. Ça nous donne une visibilité auprès du public metal, ce qui est loin idiot pour nous. C’est un public qui peut apprécier notre musique. Sur nos concerts en Allemagne ou ailleurs en Europe on voit beaucoup de gens au premier rang avec des t-shirts Behemoth ou Gorgoroth. D’ailleurs ils jouent là, je vais aller les voir demain, ça va être mignon. Pour nous c’est assez logique de bosser avec un label comme ça, qui nous offre une ouverture nouvelle.
Allez une dernière pour la route, on est au Hellfest, quels groupes vous allez voir ce week-end ?
Julien : Ce soir je vais voir Electric Wizard, j’aimerais bien voir Watain…
Jimmy : Moi j’irais bien à Kylesa, voir l’arrivée d’Iron Maiden… Mat lui il va voir une heure. Moi je fais que l’arrivée, et peut-être la sortie aussi ça peut être pas mal. Et Slayer !
Mat : Therapy, Opeth, Trivium, Watain, Godflesh, Maiden arrivé et départ, Septic Flesh, Slayer, Lez Zeppelin, Supuration, Clutch, Monster Magnet, Phil Anselmo, Gorgoroth, Aeroshmit’, Carcass, Crowbar, Blues Pills, Behemoth, ça c’est le truc que je veux voir absolument, Soundgarden, Emperor, Black Sabbath, Paradise Lost, Opeth, entre autre. Voilà !
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